Ce qui s'est passé samedi après-midi place de la République à Paris
est à la fois banal et indigne. Banal parce que la répression contre les
mouvements sociaux est devenue une routine quotidienne dans notre pays,
sous Manuel Valls comme sous Brice Hortefeux, et en particulier contre
les sans logis ou les sans emploi.
Indigne parce que les forces de l'ordre ont dispersé violemment et
illégalement un rassemblement déclaré de façon parfaitement légale par
le DAL (Droits au logement) place de la République. Plusieurs mères de famille ont été
frappées. Jean-Baptiste Eyraud, le porte parole du DAL, a été roué de
coups de pieds alors qu'il s'était assis par terre en attendant de
pouvoir sortir de l'encerclement policier auquel les manifestants
étaient soumis. Il a eu deux côtes cassées. Pas de dépêche des agences
de presse, pas un mot dans la plupart des quotidiens, silence à la
radio.
Les CRS et leur hiérarchie présente sur place ce samedi 17 octobre ne
pouvaient ignorer qui est Jean-Baptiste Eyraud. Depuis vingt ans il
lutte avec le DAL contre l'indifférence et le silence qui entoure le
drame des sans logis et des mal logés. Par son activité inlassable et
son énergie communicative, il a permis aux sans logis de disposer d'un
outil et une voix écoutée et respectée. Il contribue sans trêve à mettre
à nu les contradictions entre les discours et les actes des
politiciens, prolixes en promesses mais avares en réalisations.
En frappant Jean-Baptiste Eyraud, les forces de l'ordre n'ont pas agi
au hasard: cibler une de ces figures les plus connues vise à répandre
la peur dans tout le mouvement social. Ce gouvernement est aussi dur
avec les démunis qu'il est prévenant envers les grands patrons et
banquiers. La Préfecture de Paris et Manuel Valls doivent cesser leurs
agissements brutaux et illégaux. Le gouvernement doit appliquer la loi
DALO, le droit à l'hébergement, les réquisitions de logement. En
s'engageant dans une politique répressive indigne, le gouvernement
saccage les principes de solidarité et de justice, seuls à même de faire
barrage à la droite extrême.
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