Intervention d'Edmond Delor au conseil municipal du 14 mars 2013
Mesdames, Messieurs,
Refondation ?
Le
gouvernement a sorti les grands mots pour une de ses priorités, l’éducation, en
parlant de “refondation” de l’école. Or le premier volet de cette refondation
est celui des rythmes scolaires dans le 1er degré. Ce point, s’il est
important, est bien loin à lui seul de refonder l’école.
Bien-être et émancipation
Alors
que les suppressions massives de postes ces dernières années ont encore
accentué les souffrances au sein de l’école que ce soit pour les élèves ou pour
les adultes, il est indispensable de repenser l’école en profondeur et de
revenir aux revendications du mouvement ouvrier du début du XX° siècle. A cette
époque, le bien-être de chacun et chacune était mis en avant. Cela impose bien
évidemment de repenser des programmes que les enseignants trouvent trop lourds,
mal adaptés aux élèves et source d’angoisse pour les parents. Pour autant,
revoir les programmes ne sera pas suffisant. Il faudra aussi s’attaquer à cette
école de reproduction sociale qui est surtout là pour formater les individus et
les amener à servir de main d’œuvre facile (voir les adaptations toujours plus
fortes voulues par les gouvernements successifs pour que l’enseignement des
lycées professionnels réponde aux demandes du patronat local). Ces exigences ne
peuvent être suivies par tous. Un nombre important d’élèves sont donc laissés
de côté, sans même parler de ceux qui sortent du système scolaire sans solution
ou qui, dégoûtés de l’école à l’issue du collège, rejettent le système
scolaire. Nous sommes ainsi bien loin d’une école émancipatrice dont le but est
de développer l’esprit critique de chacun et de permettre à tous de se
construire individuellement afin de pouvoir vivre ensemble.
Rythmes scolaires et projet de société
Pour
nous, Communistes, le changement, c’est :
- favoriser la coopération
plutôt que la compétition comme c’est le cas actuellement avec les évaluations
nationales
- plus de personnels
enseignants et non enseignants,
- plus d’espaces verts, plus
de jeux, plus de classes transplantées, plus de musées gratuits, plus d’écoles,
plus grandes avec plus de salles pour faire plus d’activités de recherches, de
cuisine et de créations…
Ce sont aussi des employés
de vie scolaire (animateurs, ATSEM, personnels de cantine, EVS, AVS …) considérés
comme des emplois indispensables pour la vie de l’école. Ils ne doivent donc
plus avoir de contrats précaires mais de vraies revalorisations salariales.
Gratuité
de toutes les fournitures, du soutien scolaire, un restaurant scolaire digne de
ce nom, et une vraie politique de prévention en matière de santé.
Et c’est aussi
travailler moins et autrement.
Favoriser le travail en
équipe, ne plus être seul avec ses élèves dans une classe, ne plus imposer des
horaires impossibles aux personnels de service, aux enfants, aux animateurs, aux
enseignants (dont le ministre reconnaît qu’ils travaillent 43 heures par
semaine dans un pays où la durée légale du temps de travail est de 35 heures),
ne plus imposer des cantines inhumaines, ne plus subir le bruit, etc.
Enfants,
enseignants et non enseignants réunis, apprendre à travailler ensemble.
Les élus Communistes et
apparentés prennent note de cette décision. Mais, cette modification des
horaires, pour importante qu’elle soit pour les parents dans leur organisation,
ne peut être considérée comme un atout maître contre l’échec scolaire comme
nous venons de le dire.
Ce passage à la semaine de quatre
jours et demi de classe n’est, pour les élèves de Saint-Fons, qu’un retour à ce
que leurs aînés connaissaient depuis 1980. Et être l’une des très rares
communes de l’Académie du Rhône à avoir conservé la semaine de quatre jours et
demi de classe par semaine n’a hélas jamais empêché notre commune de végéter
dans les profondeurs dans les classements des évaluations nationales des écoles
élémentaires comme pour le taux de réussite au Brevet des Collèges.
Mais, cette fois-ci, pour que ce changement soit accepté, le ministre a
mis la main à la poche: 90 € par élève pour l’année dans les zones dites
sensibles. De quoi payer un animateur pendant une semaine. Et après ? Et
plus tard ? Rien n’est précisé. En matière de décentralisation,
l’expérience nous montre que les subventions de l’Etat qui se désengage ne sont
pas éternelles et qu’il s’agit en fait toujours ni plus ni moins que d’un
transfert de charge de l’Etat vers les communes. Et l’augmentation des coûts quasi
automatique d’année en année qui en découlerait plomberait encore plus sûrement
le budget des villes qui n’ont franchement pas besoin de ça.
Lors des consultations engagées
sur cette “refondation”, aucun syndicat des personnels ni aucune association des
parents d’élèves n’ont voté pour ce projet. Et l’Association des Maires de
France qui avait pris fait et cause pour ce changement, le 8 janvier dernier,
freine des quatre fers depuis le 11 janvier et demande le report de son examen.
Les maires voudraient exprimer le sentiment de s’être fait avoir qu’ils
n’agiraient pas autrement. Sur 58 communes du Grand Lyon, seules 4 ont annoncé
adopter ces nouveaux horaires dès septembre prochain. C’est cette précipitation
que nous regrettons. Car cette “refondation” semble faire l’unanimité contre
elle. Ainsi, le 12 février dernier, la grève à laquelle le ministre de
l’Education Nationale a dû faire face était l’appel le plus massivement suivi par
les enseignants suivi depuis … mai 68.
Il faut être franc. Toutes les
études, les vraies, les sérieuses, le prouvent. L’Ecole de la réussite sera le
fruit de la réduction des inégalités sociales, chose que le traité libéral de
Maastricht interdit. Tout le reste ne sera que tours de magie qui occupent
leurs auteurs mais sera balayé par le prochain ministre qui s’évertuera à faire
aussi pire que son prédécesseur. Car dans un pays où le chômage galope et où la
réduction des déficits publics tient lieu de credo personne ne peut croire
encore à l’égalité des chances. C’est la société qui fait l’Ecole et non
l’inverse.
Cette décision de modification
des horaires scolaires sera le 7°changement (programmes ou réforme) dans
l’éducation nationale depuis 1991. Mais jamais d’avancée du côté des résultats
et du bien-être des élèves n’a été constatée.
Le changement, c’est insuffisant. Il faut un soulèvement.
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